Camille Pouponneau est devenue Maire de Pibrac en 2020, commune de 9000 habitants située près de Toulouse. Une fonction que l’élue trentenaire portait à bout de bras avant d’arriver à bout de souffle. Dans Maires, le Grand Gâchis publié chez Robert Laffont, elle parle de son engagement heurté par de multiples contraintes et de l’épuisement la conduisant à renoncer à son mandat.
Depuis les élections municipales de 2020, 2400 maires ont démissionné. Parmi eux, Camille Pouponneau. Ce livre « ne prétend aucunement énoncer une vérité, il est ma vérité » tient à souligner l’auteure dès les premières pages de Maires, le Grand Gâchis. Au travers de son témoignage, l’ancienne édile de Pibrac veut lever le voile sur le quotidien intense et compliqué de ces 35 000 élus en France. Elle brise aussi le tabou sur la santé mentale.
Un engagement impacté par une palette très large d’obstacles
Petite, Camille Pouponneau répondait « Présidente de la République » lorsqu’on lui demandait ce qu’elle voulait faire plus tard. Après des études à Sciences Po, son envie de s’engager pour l’intérêt général s’est d’abord concrétisée en devenant Conseillère Départementale. Puis elle s’est lancée comme candidate aux élections municipales de Pibrac et a battu le Maire sortant. Portée par ses convictions et prête à mettre son énergie au service de sa commune, elle a pris place à l’Hôtel de ville où elle a adopté très vite un rythme soutenu en effectuant 70h par semaine.
Elle raconte comment le chemin vers chaque décision, chaque projet est jonché d’obstacles. Nombreuses normes à respecter, dialogue compliqué avec l’Etat en raison de plusieurs interlocuteurs, manque de moyens, intercommunalité au rôle prépondérant, autant de difficultés qu’elle décrit. Et un sentiment apparu au fil des mois : « l’impuissance ». Autre constat de Camille Pouponneau, un intérêt personnel prenant le pas sur l’intérêt général chez les citoyens et comme conséquence directe un vivre-ensemble s’estompant.
« Tout mon quotidien et toute mon organisation étaient réfléchis en intégrant le fait que j’appartenais à tout le monde »
Quand Madame Le Maire efface Camille
Les responsables politiques en qui les Français ont le plus confiance sont les Maires. Ils entretiennent un lien de proximité avec eux, les rencontrent durant un rendez-vous à l’Hôtel de ville, les croisent lors d’inaugurations, de commémorations ou en faisant les courses. Il n’est pas rare que les habitants continuaient de solliciter Camille Pouponneau par téléphone, par mail, en soirée, pendant les week-ends et les vacances. Des échanges et messages parfois agressifs.
« Tout mon quotidien et toute mon organisation étaient réfléchis en intégrant le fait que j’appartenais à tout le monde » confie Camille Pouponneau dans son livre. Elle indique avoir mis sa carrière professionnelle et sa vie personnelle entre parenthèses « Camille n’existait plus et avait laissé place à Madame Le Maire ».
Son épuisement psychologique puis une fatigue physique ont chamboulé sa vie. Afin de prendre soin de sa santé, elle ne voyait plus qu’une seule solution, ranger son écharpe. Le 17 octobre 2024, Camille Pouponneau annonçait donc sa démission. Ses lignes, elle les a écrites quelques semaines après avoir quitté ses fonctions. Elle glisse quelques préconisations à la fin de son livre et espère créer une prise de conscience.
Un témoignage saisissant.
Maires, le Grand gâchis, Camille Pouponneau, Robert Laffont
Photo : Chapitre politique
Livre reçu en SP
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Une réponse sur « Maires, le grand gâchis : le témoignage fort de Camille Pouponneau »
[…] municipaux » soulignent-ils. Les données sont édifiantes, depuis les municipales de 2020, 2400 maires ont démissionné et près de 57 000 sièges de conseillers municipaux restent vacants. Dorian […]