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Les institutions politiques sous la loupe d’Astrid de Villaines

Dans cette situation politique mouvementée, un bon décryptage sur les institutions est le bienvenu, il existe notamment un ouvrage clair et pédagogique signé Astrid de Villaines.

Journaliste politique, Astrid de Villaines est productrice de l’émission l’Esprit public sur France Culture. Durant son parcours, elle a couvert 3 campagnes présidentielles. Dotée d’une connaissance fine des partis politiques, elle pose un regard clair et précis sur les mécanismes et concepts des institutions. Avec Décrypter nos institutions politiques, elle nous permet d’identifier les actuels enjeux démocratiques. 

Une centaine de points cruciaux abordés

Astrid de Villaines souhaite éclairer sur les institutions afin de montrer « ce qui fait que nous sommes toujours une démocratie, alors que le mot est parfois affaibli dans le débat public et que celle-ci recule dans le monde » souligne-t-elle d’emblée. Cet ouvrage préfacé par le politologue Benjamin Morel ne suit pas l’ordre alphabétique mais offre un fil conducteur composé de sujets se succédant de manière évidente. Avec une question qui revient à chaque grande partie « Que se passe-t-il si…? »

Au total, ce sont environ 100 points essentiels qui sont ici évoqués. Des explications rigoureuses avec des encadrés bleus pour un focus sur des articles de la constitution. Un livre pédagogique et un ton sérieux mais jamais ennuyeux. 

Des lieux et des rouages 

De l’Elysée à Matignon, du Parlement au Conseil Constitutionnel, de l’Arcom aux institutions européennes, l’autrice nous livre son décryptage sur plusieurs lieux emblématiques et leurs spécificités. J’ai tourné les pages avec beaucoup d’intérêt, chaque sujet passant à la loupe de façon remarquable. 

Ve République, constitution, idée d’un retour du septennat, cohabitation, budget de l’Etat, motion de censure, proportionnelle, référendum, financement des partis politiques sont autant de sujets décrits. J’ai particulièrement apprécié ceux moins mis en avant d’habitude comme les langues régionales, « Paris-Lyon-Marseille, la fin d’une exception ? », ou encore les partenaires sociaux et le nombre d’échelons administratifs en France. 

Photos, graphismes apportent un plus durant la lecture. A mettre entre les mains de celles et ceux souhaitant être davantage calés sur les institutions ! 

Décrypter nos institutions politiques, Astrid de Villaines, Larousse, 25 €

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L’échec en politique : Comment est-il surmonté ?

Municipales, Départementales, Législatives, Primaires, Présidentielle, des scrutins marqués par des victoires fêtées par les gagnants. Pour d’autres, le résultat s’avère être une douche froide. Ce thème est au coeur du livre L’art de perdre en politique d’Elizabeth Martichoux et Catherine Mangin.

Le sujet reste tabou. L’échec est l’une des facettes d’un parcours que l’on préfère taire. Pourtant, il livre beaucoup d’informations sur celui ou celle qui le vit. C’est là toute l’essence de L’art de perdre en politique. Elizabeth Martichoux et Catherine Mangin ont réussi à capter ce qui ne se montre pas afin d’en savoir plus sur ces hommes et femmes.

Psy et politique

Pas évident pour les principaux concernés de témoigner mais plusieurs ont accepté de se confier aux journalistes. Parfois, ce sont des conseillers, des membres de leur entourage qui dévoilent ces pans mystérieux. Des chapitres consacrés à des personnalités de tous bords politiques. Douze hommes :  Bruno Le Maire, Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Copé, Valéry Giscard d’Estaing, Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Xavier Bertrand Jean-Luc Mélenchon, François Hollande, Manuel Valls et François Hollande. Cinq femmes : Laurence Rossignol, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Ségolène Royal et Marine Le Pen.

Cet essai parle de ces défaites et des façons de les surmonter en s’appuyant sur des psychologues et psychiatres. Une approche pertinente offrant une observation saisissante sur ces moments importants dans une carrière.

Abandonner ou se remettre en selle ?

Trébucher est souvent la norme pour les candidats visant un mandat. En effet, perdre est plus courant que gagner dans ce milieu. Que ressentent-ils face à cette porte restant fermée ? On découvre divers caractères et une pratique de la vie politique différente. La défaite peut être rude, un vrai accident de parcours. Après beaucoup de sollicitations, le téléphone cesse de sonner, la solitude guette les vaincus. 

Rebondir et se remettre en selle reste toutefois courant. Quelques exceptions cependant, on peut penser à Lionel Jospin et son retrait de la vie politique en 2002 après son élimination dès le premier tour de la Présidentielle. Cette épreuve secoue mais certains ressortent « bons perdants » ou voient une victoire malgré leur score. Le déni s’installe parfois aussi dans la campagne et le maigre résultat fait sombrer tout un parti. Cas particulier, Emmanuel Macron vu comme un « vainqueur-vaincu« .

L’échec, un séisme révélant des failles chez ces hommes et femmes politiques. Des traits de caractère cachés qui une fois mis en lumière nous donnent une autre perception de leurs trajectoires.

L’art de perdre en politique, de Giscard à Macron, les politiques face à l’échec, Elizabeth Martichoux, Catherine Mangin, Stock, 20,90 €

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Comment comprendre le régime politique de l’Union européenne ?

L’Union européenne, on en entend beaucoup parler mais il n’est pas toujours facile de s’y retrouver parmi ses institutions et son fonctionnement. Si ce sujet vous intéresse, alors un livre est pour vous. Le régime politique de l’Union européenne d’Antonin Cohen paru en 2025 apportera des réponses aux questions que vous vous posez. 

Après la seconde guerre mondiale, l’Union Européenne commence à se dessiner avec notamment le conseil de l’Europe en 1949, la Communauté Européenne du charbon et de l’Acier (CECA) en 1951. D’autres dates ont été marquantes comme le Traité de Rome en 1957. Six pays composaient cette communauté européenne, ils sont aujourd’hui 27.

On entend souvent parler de l’Union Européenne, de sommets entre dirigeants. Des décisions sont prises à l’échelle européenne, des directives votées au Parlement. Mais, les institutions et leur fonctionnement restent flou, on regarde surtout l’UE via l’angle économique ou technocratique et moins comme un projet politique. Cet essai d’Antonin Cohen ponctué de nombreux graphiques vise à nous donner une meilleure compréhension de ce régime politique. 

Percer le brouillard en se penchant sur les institutions et les normes

Dans son ouvrage, Antonin Cohen souhaite répondre à des questions que certains peuvent juger comme « élémentaires » sur les règles du jeu, les rapports de force. « Mais, à la réflexion ces questions sont les meilleures lampes torches pour traverser cet épais brouillard que constituent le jargon et la diatribe » argue-t-il dès les premières pages. 

Il évoque d’abord les institutions dont le Parlement puis le Conseil européen réunissant les chefs d’Etat ou de gouvernement des Etats membres ainsi que le Conseil de l’Union Européenne composé des ministres de ces gouvernements. La Commission européenne et la Cour de justice sont aussi observées de près. L’auteur nous explique les rouages de chaque institution et nous aide à les cerner avec une approche accessible.

Un chapitre consacré aux normes 

« Il n’y a pas que du point de vue des institutions proprement dites que l’UE a connu une évolution importante depuis les années 1950, mais aussi du point de vue de ce que font ces institutions, c’est-à-dire essentiellement des normes juridiques » souligne Antonin Cohen. L’Union européenne compte une vingtaine de traités constitutifs, ceux fondateurs étant jugés « lisibles » quand ceux modificatifs sont « inintelligibles ».

Accords, résolutions et décisions adoptées par les Etats membres au Conseil européen sont aussi d’actualité tout comme le travail parlementaire. Cette partie est plus dense mais on arrive à suivre !

Les élections européennes

Tous les 5 ans, les habitants se rendent aux urnes afin d’élire leurs députés européens. Cependant, la participation diminue d’années en années «  de sorte que le régime politique de l’UE est encore aujourd’hui à la recherche du « peuple européen » » selon l’auteur. On en apprend davantage sur les rapports de force politiques et leur impact.

Qu’en est-il de l’opinion publique ? Des enquêtes Eurobaromètre sont réalisées dans tous les pays membres. « Malgré la faible participation des électeurs et l’intéret relatif des citoyens, les enquêtes Eurobaromètre enregistrent un niveau de soutien relativement élevé à l’UE » indique-t-il. Une opinion qui cache des disparités entre les Etats membres. C’est en France et en Grèce que les ressortissants ont un niveau de défiance le plus élevé. 

Un livre publié dans la collection « Repères » qui nous trace un parcours clair pour s’y retrouver dans le dédale de l’Union Européenne !

Le régime politique de l’Union européenne, Antonin Cohen, Repères,

11 €

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La Ve République sous toutes ses coutures

Thomas Snégaroff et Anne-Charlène Bezzina signent l’éclairant Ve République, Anatomie d’un Régime en crise (Les Arènes). Leurs analyses combinées aux cartes et infographies sont de vrais phares face à la situation actuelle en France.

Si vous êtes un fidèle de C politique, alors vous connaissez déjà Thomas Snégaroff. Agrégé d’histoire avant de devenir journaliste, il officie désormais sur France Inter et sur France 5. Anne-Charlène Bezzina est quant à elle bien connue des téléspectateurs en tant que constitutionnaliste souvent invitée dans les médias. Deux regards aiguisés donc qui nous aident à mieux comprendre la Ve République aujourd’hui. Dans cet ouvrage également, des cartes et infographies réalisées par Delphine Papin, Légendes Cartographies et Lucie Rondeau.

6 chapitres et 42 questions

La Ve République se retrouve dans un tumulte marqué par une dissolution, une absence de majorité stable, des coalitions qui ne voient pas le jour. Pensé par Charles de Gaulle, ce régime vu comme stable pendant plusieurs années est au coeur de turbulences. Comment a-t-il évolué depuis 1958 ? Quelles crises ont été vécues ? Comment décrire la période actuelle ? Des questions auxquelles répondent les deux auteurs. 6 chapitres passionnants. Le premier sur sa naissance, le second sur le « président monarque », puis quand la gauche est arrivée au pouvoir, la première cohabitation en 1986, la République et l’extrême-droite en 2002. 20 ans plus tard, c’est l’absence de majorité qui interroge sur son fonctionnement.

Pédagogique et accessible

« 8 français sur 10 n’ont connu que la Ve République » est-il directement indiqué au début de cet ouvrage. Alors que les Français sont en faveur d’une transformation des institutions politiques, voilà un livre très utile sur cette constitution. Certains et certaines pensent qu’on en a fait le tour, les deux auteurs eux font le tour de la question. On se rend compte que de 1958 à 2025, de nombreuses crises ont été traversées. « Faut-il pour autant lâcher la proie pour l’ombre et abandonner cette république solide et équilibrée pour un saut dans l’inconnu constitutionnel ? » se demandent Thomas Snégaroff et Anne-Charlène Bezzina. 

Ils misent sur le savoir afin de nous donner des clés de compréhension. Une démarche réussie, pédagogique et accessible. Un ton agréable, une réflexion liée à la chronologie. Un livre qui dès les premières pages nous confirme que sa place devait en effet rejoindre la bibliothèque ! 

Ve République, Anatomie d’un régime en crise, Thomas Snégaroff, Anne-Charlène Bezzina, Les Arènes, 17 €

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Les Think tanks décryptés par Marc Patard

Très connectés au monde politique, les think tanks, lieux où la réflexion fait loi dans les politiques publiques restent difficile à cerner. Quels sont ces espaces de pensées à la forte influence ? Qui sont les experts menant des travaux ? Marc Patard, conférencier et enseignant à la faculté de droit d’Orléans nous apporte un éclairage salvateur avec Les Think Tanks (Que sais-je ?)

Mystérieux, influents…les think tanks sont des structures dont il n’est pas évident de comprendre les mécanismes. Acteurs majeurs du débat public, ils gravitent proches des hommes et femmes politiques. Que se cache-t-il derrière ce terme anglais ? Quelles sont leurs spécificités, quel poids pèsent-t-ils aujourd’hui ? Marc Patard a publié en février un brillant essai richement documenté.

Outre-Manche et Outre-Atlantique

Pour partir sur les traces des think tanks,  il faut regarder du côté de Londres où le premier « officiellement » reconnu est né en 1884. Plus tard en 1959, des structures similaires sont apparues à Palo Alto en Californie. Puis, l’idée est arrivée en France en 1979. Différentes périodes, différents contextes, et donc diverses approches chez les observateurs.

Un « objet politique faiblement identifié »

Au croisement des mondes académique, politique, économique et social, le think tank est difficile à appréhender. Souvent, celles et ceux qui ont tenté d’en capturer l’essence sont issus de ce milieu. Peu de travaux et articles et un travail d’analyse minutieux à effectuer. Marc Patard s’est lancé dans cette aventure ! « Objectiver ce phénomène des think tanks n’est pas chose aisée, tant [ils] constituent un ensemble hétérogène » explique-t-il.

Quelle définition donner ?

Le think tank construit des argumentaires au travers de débats et de travaux d’experts afin de transmettre des éléments nourrissant la décision publique 

Est-ce un lobbying ? Il faut le distinguer car il ne roule pas pour des intérêts privés avec relation marchande. mais alors qui est-il ? Une activité politique ? Un labo d’idées ? Marc Patard propose de le définir comme « institut d’ingénierie politique » après avoir expliqué ses missions et montrer ses particularités.

Des nouveaux politiques ?

Bien qu’ils n’œuvrent pas dans un parti politique, les think tankers peuvent venir du monde politique, on peut penser à Jean-Marc Ayrault à la Fondation Jean Jaurès. D’autres veulent avoir un pied dans ce milieu et par une stratégie de contournement tiennent un rôle de premier plan dans les politiques publiques en basant leur engagement sur la réflexion et la proposition d’idées. Pour ce personnel « Ici, on est dans un rapport d’extériorité par rapport à la chose publique..c’est-à-dire qu’on est dedans…mais on est aussi dehors…on propose mais on ne rentre pas dedans » confie un think tanker montrant ainsi une « ambiguïté » dans le positionnement pour Marc Patard.

Légitimité, financements, crédibilité sont des enjeux auxquels ces structures à l’influence importante dans la démocratie sont confrontées. Je vous recommande vivement cet ouvrage pour mieux comprendre ce qui s’y joue à l’intérieur si comme moi vous souhaitiez en savoir plus sur les think tanks  !

Les Think Tanks, Marc Patard, Que sais-Je ?, 10 €

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A lire également : Les villes, moteur du sursaut politique ?

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La ville, moteur du sursaut politique ?

Dorian Dreuil et Marinette Valiergue, sont experts à la Fondation Jean Jaurès, un laboratoire d’idées axé sur le progrès et la démocratie dans le monde. Ils viennent de publier à la mi-mai Les villes, nouvelles fabriques démocratiques ? (L’Aube). 

En France, élections après élections, la participation des Français est en berne. Sauf en 2024, en effet les législatives ont incité les électeurs à se rendre aux urnes, un regain jamais vu depuis 1997. Petite éclaircie dans un climat de « défiance politique » qui s’est installé. Comment relancer l’engagement des citoyens ? Et si la solution venait des collectivités locales ? Cet ouvrage se penche sur la question et nous propose d’observer diverses initiatives pouvant devenir selon les auteurs des solutions face à ce défi.

Les villes pionnières en innovations démocratiques

« 78 % des Français estiment que « la démocratie ne fonctionne pas bien »» rappellent les auteurs en reprenant les chiffres de la 12e édition de l’enquête Fractures Françaises (Ipsos pour le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne, novembre 2024). Un constat visible au niveau national mais aussi à l’échelon local. « La fièvre de la « démo-anxiété » gagne peu à peu les conseils municipaux » soulignent-ils. Les données sont édifiantes, depuis les municipales de 2020, 2400 maires ont démissionné et près de 57 000 sièges de conseillers municipaux restent vacants. Dorian Dreuil et Marinette Valiergue voient les prochaines élections municipales de 2026 comme une possible porte d’entrée vers un sursaut politique. 

Cette affirmation découle d’observations et d’analyses montrant que les villes ont toujours été innovantes. « La conviction qui forge ce livre est que si les villes ont inventé la démocratie alors c’est de là que la démocratie peut renaître » arguent-ils.

Trois chantiers à rénover

Dorian Dreuil et Marinette Valiergue déroulent leur réflexion au travers de trois chapitres identifiant des chantiers à mener. Ils concernent les élections  (listes citoyennes,…), la participation (budget participatif, votations,…) et la délibération (assemblées citoyennes,…). 

Les deux auteurs évoquent les points forts et les obstacles rencontrés aujourd’hui. Ils présentent des exemples dans la drôme, à Rennes, à Paris mais aussi dans le monde. Ainsi, nous voyons également des idées mises en place dans des villes aux Etats-Unis, en Norvège ou encore en Belgique. 

Leur ouvrage se veut tel une boîte à outils dans laquelle piocher pour renforcer le lien entre élus et citoyens. Un livre enrichissant et facile à lire.

Les villes, nouvelles fabriques démocratiques ? Dorian Dreuil, Marinette Valiergue, Editions de l’Aube, 6,90 €

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Un essai passionnant sur la notion de « présidentiable »

Dans Présidentiable ?, Christian Le Bart professeur de sciences politiques livre un éclairage passionnant sur cette notion. Une condition qui prend de multiples dimensions.

Spécialiste des sciences politiques, Christian Le Bart enseigne à Sciences Po Rennes. Son livre Présidentiable ? (PUR) a été publié récemment. Il n’est pas rare d’entendre des personnalités politiques considérées « présidentiables » et d’autres non. Mais alors, comment cette caractéristique est-elle attribuée ? L’auteur y apporte une réponse avec une analyse pointue. 

Le poids d’un trio 

Au travers d’une approche sociohistorique, Christian Le Bart montre une évolution depuis le début de la Ve République. Trois acteurs jouent un rôle de premier plan.

Les partis politiques d’abord. Aujourd’hui, les primaires ont changé la donne en chamboulant « Le leadership présidentiel » obtenu après le « leadership partisan ». Un choix de candidat s’effectuant avec l’opinion publique mais laissant des interrogations par la suite sur la présidentiabilité.

Les élus locaux s’imposent toujours comme incontournables. Par le système des parrainages, 500 signatures sont nécessaires afin de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle. Et qui les octroient ? Les élus locaux et en majorité les maires.

Des « verdicts de présidentiabilité » comme Christian Le Bart les appelle sont partagés par les médias. Des journalistes et experts emploient sur les plateaux et dans les articles les termes « présidentiable » ou « présidentiabilité » en s’appuyant notamment sur des sondages. 

Une double dimension : institutionnelle et symbolique

Le second chapitre est axé sur les critères de sélection. Alors que le Président incarne et gouverne, ce qui entraîne une « centralité » de la figure présidentielle, les attentes sont jugées par Christian Le Bart comme étant « la quadrature du cercle ». Plusieurs caractéristiques sont  obligatoires. Ce ne sont pas seulement des conditions juridiques comme l’âge. Cela passe aussi par une manière plus subtile de commenter par des adjectifs choisis accordant ou non ce label. Les candidats pratiquant aussi « l’auto-présidentialisation ». 

Verticalité, horizontalité, proximité, charisme, ancrage territorial, surplomb, des critères parfois franchement paradoxaux. Une notion qui met également en avant une inégalité hommes/femmes. Christian Le Bart souligne qu’elles sont davantage considérées comme moins qualifiées pour cette fonction avec des critiques des commentateurs, des adversaires et même des membres de leur propre parti. Les « professionnels de la politique » étant aussi plus à même d’être « labellisés » plutôt qu’une personnalité venant de l’extérieur.

Un court essai précis nous aidant à y voir plus clair  !

Présidentiable ?, Christian Le Bart, Presses Universitaires de Rennes, 10 €

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